La chèvre de Monsieur Seguin
Gambadait vite, gambadait bien
La chèvre de Monsieur Seguin
S'ennuyait du soir au matin
Elle rêvait comme ses compagnes
De s'en aller dans la montagne
Mais quand elle lui a demandé
De bien vouloir la détacher
M. Seguin cria: Jamais!
Là-haut, le loup te mangerais
Ce serait trop épouvantable
Je vais t'enfermer dans l'étable
La porte fut fermée peut-être
Mais la fenêtre était ouverte
Et sitôt qu'elle se fut sauvée
En s'éloignant de sa vallée
La chèvre de Monsieur Seguin
Gambadait vite, gambadait bien
La chèvre de Monsieur Seguin
Se sentait vivre dans le matin
Les fleurs semblait lui dire: Blanquette
Viens avec nous faire la fête
Et tout là-haut sur les sommets
Fallait voir comme elle s'amusait
Ce fut une journée mémorable
Elle était loin de son étable
Quand tout à coup le vent fraîchit
Et tandis que tombait la nuit
La chèvre de Monsieur Seguin
Gambadait vite, gambadait bien
La chèvre de Monsieur Seguin
Entendait bien dans le lointain
La trompe de Monsieur Seguin
Qui lui disait: «Reviens, reviens!
Mais quand elle aperçut trop tard
Les deux yeux du loup dans le noir
Elle dit comme la vieille Renaude
Qui avait tenu jusqu'à l'aube
«Je vais me battre avec courage
Et, dans cette lutte sauvage
La chèvre de Monsieur Seguin
Gambadait vite, gambadait bien
La chèvre de Monsieur Seguin
S'est bien battue jusqu'au matin
Et puis, quand le coq a chanté
Parmi les fleurs, elle s'est couchée
Alors, le loup la dévora
Et nous on la regrettera